Après avoir parlé des améliorations à faire en terme d’attitude, de communication et de gestion, j’avais envie de finir cette série sur la professionnalisation de votre activité en vous parlant du statut juridique de votre entreprise créative. Celui-ci peut avoir un impact sur vous, votre fonctionnement et sur la façon dont les autres perçoivent votre activité.

Série Professionnaliser son activité créative

Episode #1 : Pourquoi professionnaliser son activité créative // Episode #2 : Soigner son attitude pour vivre de son activité // Episode #3 : Professionnaliser sa communication pour gagner plus // Episode #4 : Etudier ses prix et sa rentabilité pour se professionnaliser // Episode #5 : Quelle structure juridique pour une entrepreneuse créative ?

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La micro-entreprise, un statut juridique plébiscité

Parmi les toutes jeunes créatrices d’entreprise, la majorité choisissent la micro-entreprise, aussi appelée micro ou auto-entreprise (son ancien nom).

Les raisons de ce plébiscite sont évidentes:

  • Faibles coûts de mise en place (création gratuite)
  • Faibles coûts de gestion (les obligations sont moindres : compte bancaire, assurance RC et CFE une fois par an)
  • Temps rapide de mise en place (réception du document quelques jours après avoir rempli le formulaire en ligne)
  • Gestion facile (pas de logiciel de comptabilité obligatoire, Word pour les factures et Excel suffisent)

Les limites de la micro entreprise

La micro-entreprise a pourtant de beaux défauts qui en font un statut pratique pour débuter mais peu valable à long terme. En effet, imaginé à l’origine pour comme complémentaire au salariat, elle n’est pas vraiment faite pour vivre.

  • Protection sociale limitée (youpi le RSI pourri) en terme de retraite, congé maladie, congé maternité
  • Coexistence possible mais compliquée avec les allocations chômage (il faut déclarer ses revenus chaque mois et les allocations sont débloquées en fonction des revenus obtenus)
  • Image négative (le statut bénéficie d’une mauvaise image auprès des entreprises)
  • Impossible de s’associer, de grossir sous ce statut : il faut en changer
  • Franchise de TVA qui peut s’avérer gênante si vous achetez des matières premières, faites de l’achat-revente ou souhaitez acquérir des machines ou un local
  • Plafond de chiffre d’affaires qui est pénalisant à terme

Pour découvrir la micro-entreprise et en comprendre les avantages et les inconvénients, je vous invite à découvrir mon article sur le sujet.

Alternatives à la micro entreprise et astuces

Plusieurs formes juridiques peuvent vous permettre de bénéficier d’un encadrement intéressant pour débuter ou pour cohabiter avec le chômage.

Avant de commencer

Il est inutile et cher de créer votre entreprise tant que vous n’avez encore encaissé aucune facture. Vous pouvez totalement engager des frais au nom de votre société avant même qu’elle ne soit créée juridiquement. Il suffit de faire la facture à votre nom d’entreprise. Lorsqu’elle sera créée, votre entreprise pourra vous rembourser ces frais. (Ce schéma fonctionne dans le cas de la création d’une société : si vous créez une micro-entreprise, vous n’aurez aucun remboursement de frais.)

La couveuse

La couveuse est un organisme qui vous permet de tester votre activité en vous apportant un accompagnement et en vous donnant un numéro de Siret pour vos factures. Vous pouvez continuer à toucher le chômage en couveuse et pouvez tester votre activité sans aucun risque. Ce système est gratuit et coûte seulement 10% de commission sur votre chiffre d’affaires – si vous en faites.

La coopérative ou le portage salarial

Étape suivante, la coopérative (ou le portage salarial) vous permet de devenir salarié de votre activité en assurant toute la partie liée à la gestion (URSSAF, paye, facturation, recouvrement…). Vous êtes rémunéré en fonction du chiffre d’affaires que vous générez et pouvez continuer à bénéficier du chômage. C’est aussi un statut intéressant et plus stable que la micro-entreprise. Ce système est assez coûteux puisque ce sont environ 60% de charges dont vous allez devoir vous acquitter (comptez environ 50% sur le salaire et 10% de commission). La coopérative et le portage salarial sont très proches dans leur fonctionnement mais ont des valeurs très différentes et ne sont pas adaptés aux mêmes activités (concrètement, je vous conseille la coopérative pour des activités artistiques / créatives et le portage salarial pour des activités de conseil).

Retrouvez mon article sur ces deux statuts particuliers.

La SAS ou la SASU

La SAS, enfin, est une forme de société intéressante. C’est la seule forme de société de cette liste. L’avantage est que vous récupérez la TVA et que vous ne versez pas de charges sociales si vous n’avez pas de salaire. Vous pouvez déclarer un revenu à 0€ dans les premiers temps d’exercice pour continuer à toucher le chômage. Elle demande cependant plus de frais de gestion que la micro-entreprise (compte bancaire pro, comptable, charges patronales sur votre salaire…). D’une façon générale, il peut être intéressant de penser à la SASU si vous souhaitez évoluer dans votre activité.

Retrouvez mon article sur la SASU pour aller plus loin.

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D’une manière générale, la micro-entreprise est intéressante pour débuter mais peut poser plusieurs problèmes assez rapidement et vous faire perdre de l’argent à terme. N’hésitez pas à regarder les autres formes juridiques existantes pour vérifier qu’elles ne conviendraient pas mieux à votre activité. Pour aller plus loin sur ce sujet, retrouvez ma série sur les différents statuts juridiques.

J’espère que cette série sur la professionnalisation vous aura permis de trouver quelques outils et quelques clés pour booster votre société. N’hésitez pas à me poser vos questions en commentaire : je pourrais tenter d’y répondre dans de nouveaux articles et/ou dans une nouvelle série.

À très vite !

Marièke

Crédit image : Erol Ahmed (Unsplash, CC0)