Avant le Studio Quatremain (et la création de l’Appart Quatremain), j’ai eu ma première expérience de création d’entreprise en tant qu’auto-entrepreneuse. J’ai gardé ce statut pendant plus de deux ans, entre fin 2012 et début 2015. L’auto-entreprise est depuis devenue la micro-entreprise (pour des questions plus politiques que techniques) et je pense que mon expérience pourrait vous intéresser et vous aider à choisir, ou non, ce statut, pour votre projet.

Cet article est réalisé dans le cadre de la série sur Trouver le statut de son entreprise. Vous retrouverez la semaine prochaine des éléments sur la SASU puis sur l’entreprise individuelle.

Présentation de la micro-entreprise

La micro-entreprise est un statut d’entreprise simplifié créé en 2008 sous le nom de l’auto-entreprise pour permettre à tout un chacun de créer son entreprise et gagner plus d’argent. Il es important d’expliquer qu’il s’agissait d’abord d’un moyen pour l’Etat de réglementer les activité d’à-côté (notamment les échanges sur le Bon Coin et la vente d’accessoires en ligne) plutôt que de créer une entreprise amenée à faire vivre l’entrepreneur. De ce fait, les revenus liés à la micro-entreprise sont plafonnés et les droits liés à cette activité sont limités.

Avantages et inconvénients

Quels sont les avantages de ce statut ?

L’avantage de la micro-entreprise est tout d’abord la facilité avec laquelle elle peut être mise en place. Je vous parle plus spécifiquement des démarches juste après dans cet article, mais il faut savoir qu’il suffit, en gros, de remplir un formulaire en ligne, pour ouvrir sa micro-entreprise. C’est gratuit et rapide.

Le deuxième avantage de la micro-entreprise est qu’elle demande peu d’engagement de l’entrepreneur. Contrairement aux autres structures que je serai amenée à vous présenter ensuite, la création d’une micro-entreprise n’oblige pas à avoir des statuts, de comptable… Le micro-entrepreneur est totalement associé à son entreprise. C’est un avantage économique évident (l’ensemble de ces services ayant des coûts conséquents).

La micro-entreprise est assez simple à gérer au niveau administratif. Selon le type d’impôt que vous décidez de payer (mensuel ou trimestriel), vous avez une déclaration et un chèque à faire tous les mois ou tous les trois mois. Vous recevez ensuite de l’Urssaf, à quelques mois de la déclaration de vos impôts sur le revenu, un récapitulatif des sommes que vous avez gagnées et payées. Il suffit d’inscrire ce chiffre dans votre déclaration d’impôts et c’est terminé !

Le dernier avantage que je vois à la micro-entreprise est plus restreint et ne concernera pas chacun d’entre vous. Il concerne ceux qui comptent créer leur activité alors qu’ils sont au chômage et indemnisés par Pôle Emploi. Le statut de la micro-entreprise est compatible avec le versement des allocations de retour à l’emploi (ARE) mais demande de bien s’organiser. En effet, les indemnités qui vous sont versées seront modifiées par les revenus que vous gagnez grâce à votre entreprise (vous devez déclarer vos gains chaque mois à Pôle Emploi). Concrètement, si vous touchez 1000 € par mois pendant un an de la part de Pôle Emploi et que vous ouvrez une micro-entreprise avec laquelle vous gagnez 400 € par mois : vous ne toucherez que 600 € par mois de Pôle Emploi pendant 1 an. L’argent qui ne vous a pas été versé est reporté aux mois suivants.

Quels sont ses inconvénients ?

Le premier inconvénient de la micro-entreprise est l’image dont elle écope. Vue comme la solution de facilité pour créer une entreprise et sortir du chômage par certains, elle manque parfois de crédibilité. On ne la pense pas forcément pérenne et stable. Si vos clients sont des particuliers, cela ne posera pas forcément de problème, mais si vos clients sont des entreprises, cela peut être un obstacle, d’autant plus si vous vendez des services à long terme.

Le deuxième inconvénient est que la micro-entreprise n’est pas une structure pérenne. Objet politique avant d’être un outil juridique, elle ne cesse d’être modifiée et de nouvelles obligations s’ajoutent en permanence.

Le troisième est le fait que le micro-entrepreneur ne récupère pas la TVA. Concrètement, cela signifie que le micro-entrepreneur émet des factures sans TVA : c’est un avantage s’il est amené à travailler avec des particuliers mais un inconvénient si son public est composé d’entreprises.

Que signifie “récupérer la TVA” ? C’est assez technique à expliquer et cela demanderait un article complet sur le sujet. Ne l’ayant pas encore écrit, je vous invite à aller vous renseigner dans cet article du Coin des entrepreneurs.

Le quatrième inconvénient est le plafond de chiffre d’affaire de la micro-entreprise. Si vous êtes dans la prestation de services, vous ne pourrez pas faire un chiffre d’affaire supérieur à 32 900 € par an et si vous êtes dans la vente, il ne pourra pas dépasser 82 200 € par an. Ces chiffres sont en fait assez petits dans le sens où l’on parle de chiffre d’affaire et non de bénéfice : il ne s’agit pas de ce qui termine dans votre poche, mais bien de tout l’argent brassé par votre entreprise pour acheter ses fournitures, payer ses factures…

Le cinquième inconvénient est que s’il n’a pas d’autre affiliation dû à un autre emploi, le micro-entrepreneur est affilié au Régime Social des Indépendants (RSI), la sécurité sociale des indépendants (il quitte d’office la Caisse Primaire d\’Assurance Maladie (CPAM)). Si vous êtes employé par ailleurs, cela ne vous concerne pas mais si vous êtes actuellement au chômage, c’est quelque chose à prendre en compte.

Le sixième et dernier inconvénient est que la micro-entreprise n’est pas une structure pour du long terme. C’est très bien pour tester une activité ou pour engranger des revenus parallèles à votre salaire d’employés (par exemple, pour les revenus issus d’un blog), mais vous ne pourrez pas vous associer ou prendre d’employé sous le régime de la micro-entreprise. Ce n’est pas un statut qui vous permet de faire évoluer votre entreprise : si vous voulez évoluer, il faudra changer de statut.

Pour qui est faite la micro-entreprise ?

Elle est parfaite :

  • Si vous voulez monter une activité en parallèle de votre travail. Si vous avez une activité de vente de bijoux que vous réalisez vous-même sur des marchés et sur internet, en plus de votre activité principale, la micro-entreprise est pour vous. De même si vous monétisez votre blog et commencez à gagner un peu d’argent grâce à lui.
  • Si vous cherchez à tester le potentiel d’une activité avant de vous lancer à temps plein. Elle vous permettra de mettre en place rapidement votre activité et de ne pas avoir trop de paperasses administratives à gérer dans un premier temps. ATTENTION ceci dit : si vous envisagez une activité qui demande de forts investissements (achat d’un local, rachat d’un fond de commerce…), il peut être plus rentable de passer par la SASU ou la SARL (du fait de la récupération de la TVA).

Je ne la conseille pas forcément :

  • Si vous êtes indemnisé par Pôle emploi pour une longue durée. Il sera peut-être plus intéressant pour vous de regarder du côté de la SASU (c’est la semaine prochaine !).
  • Si vous avez déjà des clients potentiels dont les commandes vous faire dépasser le plafond très vite. Mieux vaut partir de suite sur un autre statut : cela vous évitera d’avoir à en changer très vite.
  • Si vous avez des projets qui peuvent vous faire dépasser très vite le plafond (c’est le cas si vous voulez une boutique physique par exemple ou si vous êtes dans l’achat-revente de produits très chers).
  • Si vous avez des problèmes de santé, des projets de maternité ou si vous approchez de la retraite ET que vous n’avez que cette activité : le RSI a quelques limites et le passage de la CPAM au RSI est compliqué, voire chaotique : si vous avez besoin d’une sécurité sociale solide, évitez peut-être ce désagrément. Si vous êtes employé par ailleurs, cela ne vous concerne pas.

D’une façon générale, ne prenez pas seul le choix du statut de votre entreprise. Avant de prendre votre décision, demandez de l’aide à votre conseiller Pôle Emploi, demandez un rendez-vous à la CCI ou rencontrez un expert-comptable (les premiers rendez-vous sont souvent gratuits). Le statut idéal ne dépend pas seulement de votre projet : il dépend de votre profil personnel, de votre histoire professionnelle et de votre situation financière.

Comment ouvrir une micro-entreprise ?

Ouvrir une micro-entreprise

Les démarches pour ouvrir une micro-entreprise sont vraiment simples et GRATUITES (je le précise car les arnaques sont nombreuses) :

Etape 1 : Il faut s’inscrire sur le site http://www.lautoentrepreneur.fr. Inscrivez-vous sur celui-là et pas sur un autre : il y a plein de sites qui demandent de l’argent pour pour délivrer le statut de micro-entrepreneur alors que les démarches sont gratuites. Cliquez sur l’élément du menu « Adhérer au régime » puis remplissez le dossier :  il faut renseigner ses nom, prénom(s), date de naissance, adresse… Rien de très compliqué ni innovant. Le seul truc un peu important, c’est de bien indiquer l’activité qui sera pratiquée : ceci dit, il sera possible d’en changer ensuite, moyennant quelques papiers. En gros, si vous savez lire, il ne devrait pas y avoir de soucis !

Vous êtes demandeur d’emploi et vous créez une micro-entreprise ? Pensez à demander l’Accre ! C’est une aide de l’État qui vous permettra de payer moins de charges dans les trois ans suivant la création de votre micro-entreprise.

Etape 2 : Il vous faut ensuite imprimer la fiche et l’envoyer signée à l’Urssaf de la région où est installée votre micro-entreprise (le site vous indique l’adresse).

Etape 3 : Quelques jours après, peut-être un peu plus en période de vacances, la confirmation arrive sous la forme d’un courrier : vous recevez le numéro de SIRET de votre entreprise. C’est bon, vous êtes micro-entrepreneur ! Vous pouvez commencer votre activité.

Faire fonctionner une micro-entreprise

Le fonctionnement est ensuite celui classique d’une entreprise. Il faut mettre en place des devis, des des contrats, fixer les conditions de vente de vos prestations et de vos services, créer des factures. Si ça vous intéresse, je vous proposerai quelques outils régulièrement. La grosse différence entre une facture de micro-entreprise et une autre facture, c’est que la TVA n’est pas facturée sur une facture de micro-entreprise : elle n’apparaît pas.

Enfin, vous devez déclarer, une fois par mois ou une fois tous les trois mois (c’est vous qui choisissez à l’inscription), vos revenus et payer des taxes dessus. Tout ce fait en ligne. Une fois par an, vous recevez ensuite un courrier de l’Urssaf qui vous indique les revenus que vous devez indiquer dans votre déclaration d’impôts et voilà.

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Voilà pour cette description concrète de la micro entreprise. J’espère avoir été claire faute d’avoir été concise (j’avais beaucoup d’informations à vous faire passer !).

A la semaine prochaine !

Marièke

Crédit image : Kyle Myburgh (Unsplash, CC0)