La coopérative d’entreprise et le portage salarial sont une alternative à la création d’entreprise. Il s’agit d’organismes qui vous salarient tout en vous permettant d’exercer votre activité librement (ou presque). Après vous avoir détaillé la microentreprise la semaine dernière, j’avais envie de vous proposer de découvrir ces deux statuts un peu particuliers et peu connus du grand public.
Le système de la coopérative d’entreprise et du portage salarial
Être votre propre patron tout en étant salarié, telle est la proposition de la coopérative et du portage salarial. Concrètement, vous émettez des factures au nom de l’organisme qui vous encadre puis vous recevez votre revenu sous la forme de salaires – moins un pourcentage pris par l’organisme.
Les spécificités
Assujetti à la TVA : Les factures émises par la coopérative et remises à vos clients incluent la TVA.
Salarié en CDI : En étant en coopérative ou en portage salarial, le freelance est salarié en CDI. Autrement dit, ses droits sont les mêmes que ceux d’un salarié classique : il cotise pour le chômage, la retraite, les congés payés… (Le salarié d’une SAS / SASU est assimilé salarié et non salarié : la différence est qu’il ne cotise pas pour le chômage.) Plus encore, la feuille de paie est un atout non négligeable si vous devez discuter avec un propriétaire ou un banquier, par exemple.
Ni comptable ni compte en banque pro à prévoir : Contrairement à un entrepreneur solitaire évoluant en SASU ou en SARL, le salarié de coopérative ou de société de portage salarial n’a pas à avoir de compte bancaire professionnel ou à faire appel à un comptable. Il n’a pas non plus besoin de rédiger ses statuts.
Coût / Commission : Difficile d’imaginer que l’on va gérer tous vos papiers pour rien. Le salarié d’une société de portage ou de coopérative paye plus de charges qu’un entrepreneur en SASU ou en SARL : il faut compter environ 60% de charge (contre 50% environ en SASU et SARL). En effet, il paye les charges de son salaire (charges patronales + charges salariales) ainsi qu’une commission sur vos gains (ce taux est aux alentours de 10% mais dépend de votre activité et de la structure qui vous accueille).
Fonctionne à un ou à plusieurs : Au sein de la coopérative, il est possible de collaborer à plusieurs sur un même projet d’entreprise. Les entrepreneurs ont alors une sorte de compte commun au sein de la coopérative dont les revenus sont dispatchés en fonction de la demande des participants (50/50, 60/40…). Il sera par contre difficile d’avoir un stagiaire ou un employé au sein d’une structure de cette sorte : c’est ce que nous allons voir dans les limites.
Les limites
Le Studio Quatremain est resté six mois en coopérative (de juin à décembre 2016) pour un résultat un peu mitigé.
La principale limite que nous avons rencontré, au sein de la coopérative que nous avons testé, était le manque de réactivité. La validation des devis émis prenait de plusieurs heures à plusieurs jours durant lesquels nous ne pouvions les transférer à nos clients (il fallait que les comptables valident les devis émis et cela ne pouvait être fait en dehors de leurs horaires de travail). De même, nous avions peu de visibilité sur l’encaissement des chèques réalisés par la coopérative. Il nous reste toujours des factures en attente chez eux. Ceci dit, nous avons beaucoup de factures et de mouvements : il est possible que le système ne soit pas adapté pour notre cas.
Deuxième limite : le CDI n’est pas signé immédiatement. Lors d’une création d’activité et afin de tester votre capacité à gagner de l’argent, vous signez un contrat Cape avec la coopérative : vous ne touchez aucun salaire pendant ce temps-là. Ce fonctionnement n’est pas forcément le même dans toutes les coopératives et vous n’aurez peut-être pas les mêmes contraintes si vous pouvez déjà justifier d’un revenu régulier dans une structure précédente mais il me semblait important de le mentionner.
Enfin, tous les projets professionnels ne peuvent pas être développés dans le cadre d’une coopérative. Par exemple, il n’aurait pas été possible, pour des questions d’assurance notamment, de développer le projet de l’Appart Quatremain dans le cadre de la coopérative. La SAS nous permet d’être plus libre.
Pour qui ?
La coopérative ou le portage salarial ne sont pas faits pour développer une grosse activité (avec plusieurs employés et des gros investissements). Ils peuvent convenir :
- Pour tester une activité : En tout début d’activité, avant de lancer sa société, la coopérative et le portage salarial peuvent être intéressants.
- Pour les indépendants qui ne veulent pas s’embarrasser de paperasses : Si votre but est d’avoir votre propre activité sans dépendre d’un patron et en ayant le minimum de paperasses liées à la création d’une entreprise à gérer, la coopérative ou le portage salarial sont certainement une bonne alternative.
Quelle est la différence entre coopérative et portage salarial
La différence entre la coopérative et le portage salarial est d’abord une question d’image. Si les coopératives sont plus adaptées aux freelances dans les métiers artistiques / créatifs / techniques, le portage salarial permet aux conseillers / coachs / consultants d’avoir une image positive.
C’est aussi une question de gérance. Le terme “coopérative” fait référence à la co-gestion : les entrepreneurs présents dans la coopérative ont une place dans les décisions. Ils peuvent par exemple voter d’augmenter la commission de 9 à 10% dans le but d’augmenter les efforts communs dans la communication. Cet aspect est inexistant dans le portage salarial.
Il peut enfin y avoir une différence de charges / commissions entre coopérative et portage salarial. Cependant, cela dépendant essentiellement de la structure d’accueil, je préfère vous laisser prendre contact avec les différentes structures pour vous faire une idée.
Quelques adresses :
Coopérative Copaname à Paris.
Coopératives Clara et Clara Bis à Paris.
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Pensez-vous que la coopérative (ou le portage salarial) puisse être une solution pour vous ?
Avez-vous déjà choisi cette structure ? Pourquoi ?
N’hésitez surtout pas à proposer d’autres structures dans les commentaires, je les ajouterai à l’article 😉
La semaine prochaine, je reviendrais avec vous sur la SASU (et sur la SAS, sa forme à plusieurs), forme d’entreprise privilégiée par de nombreux créateurs d’entreprise.
A très vite,
Marièke
Crédits image : Siarhei Plashchynski (Unsplash, CC0)