Bonjour,

J’ai rencontré Dorianne Wotton par le biais de Twitter, lorsque j’ai publié les raisons qui faisaient que j’aime être entrepreneuse. Elle s’était retrouvée dans mon portrait et quand je lui ai proposé de mettre ses propres mots sur son expérience d’entrepreneuse, elle a été enthousiaste. Doriane est consultante webmarketing. Elle a créé cette année sa société L:EDigitalab, un cabinet de conseil créateur d’écosystème digital. Je lui laisse vous parler de son activité 🙂

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Un profil non linéaire

Quand je fais le point sur ma vie professionnelle, il y a un constat évident qui en ressort : elle aura été tout sauf linéaire !

Déjà parce j’ai effectué plusieurs reconversions, la plus significative étant celle qui m’a fait passer de cadre des organismes du secteur social à … designer interactif.

Aussi parce que, sans me vanter, j’ai à mon actif un joli palmarès d’exercice sous des statuts différents : salariée, intérimaire, saisonnière, entrepreneure salariée, contractuelle, stagiaire (liste non exhaustive)… Mais incontestablement, le statut le plus épanouissant pour moi est celui que j’ai actuellement : entrepreneure !

Certes, je développe ma propre activité depuis plusieurs années déjà. En effet, j’ai longtemps été membre d’une Coopérative d’Activité et d’Emploi.  Le statut offert par la CAE était un excellent compromis entre mes ambitions entrepreneuriales et une solution au poids de mon éducation qui m’avait plutôt formé à être salariée.

Il y un an, après une longue période de gestation et de maturation, j’ai créé ma propre société, L:EDigitalab. C’était pour moi l’aboutissement logique d’un projet professionnel mais aussi d’un projet de vie.

Je pourrais comparer les avantages et les inconvénients entre “développer son activité au sein d’une CAE” et “créer sa propre boîte”, mais cela ferait l’objet d’un article à lui seul ! Par contre, je peux vous partager ce qui me plaît le plus dans le fait d’être une indépendante. Certes j’ai conscience que les motivations de chaque entrepreneur sont uniques. Je ne veux donc pas prétendre que mon expérience et mon parcours sont généralisables. (Et entre nous, rien de plus irritant que les “je-sais-tout”). Toutefois, si mon témoignage peut éclairer celles qui hésitent à se lancer ou faire prendre du recul aux autres qui auront déjà passé le pas, alors ma modeste contribution aura atteint son but.

#1 Gérer son temps… et bien plus encore !

Les entrepreneurs sont des indépendants. “In-dé-pen-dant”. Tout est dit. On gère tout… y compris notre temps et les modalités de notre exercice.

Je ne suis pas un animal diurne. Comprendre : je ne suis pas du matin. Du tout. J’ai dû être génétiquement programmée pour être efficace en fin d’après-midi (NDLR : heure à laquelle je rédige cet article. Coïncidence ? Je ne pense pas ! ) et en soirée. Alors, évidemment, mon horloge biologique était plutôt incompatible avec les horaires de bureau “classiques” ! J’étais fatiguée et cela affectait mes relations personnelles. Désormais, après m’être imposée une indispensable “discipline”, j’ai trouvé une bien meilleure balance entre vie professionnelle et vie personnelle. Cela peut sembler paradoxal : monter sa boîte réclame une disponibilité sur tous les fronts. Dans ces conditions, conserver une réelle vie privée paraît très difficile, voire impossible pour beaucoup. Moi, je me sens bien plus épanouie.

Certes, je m’adapte dès lors qu’une mission exige que je sois au taquet aux aurores (soit 9h du matin). Je tâche également d’être disponible sur les mêmes créneaux que mes clients. Mais quel bonheur de pouvoir m’organiser en fonction de mon rythme naturel… mais aussi de mes exigences plus personnelles !

Adapter ses horaires aux problèmes perso

En effet, je souffre de problèmes de santé chroniques (j’avais la RQTH). Lorsque j’étais salariée, et même si mes responsables étaient compréhensifs, j’avais le sentiment de devoir quémander le droit d’aller me soigner. Cela représentait une grande gêne. De plus, partir plus tôt ou devoir m’absenter pour un RDV médical était également parfois mal perçu par les collègues.

L’organisation libre de mes impératifs (notamment médicaux) aura énormément joué dans mon choix de devenir indépendante. J’aime la satisfaction d’arriver en week-end et de me dire “déjà” et non plus “enfin”, comme c’était souvent le cas quand j’étais encore cadre.

Enfin, il en va du rythme comme du lieu de travail. J’ai la chance d’exercer une activité qui ne nécessite pas d’être dans un lieu fixe. J’apprécie donc le nomadisme que me permet mon statut. Dès que je le peux, je change d’environnement. J’alterne vie à la ville et à la campagne, profitant des avantages de chacun des deux environnements.  Et si je le pouvais, je pousserais encore même un plus en étant encore davantage sur les routes !

#2 L’occasion de m’affirmer dans un travail qui fait sens

L’entrepreneuriat induit l’autonomie et suppose d’être apte à assumer pleinement la responsabilité des décisions stratégiques à prendre au nom de l’entreprise et de ses collaborateurs. C’est de fait une opportunité incroyable de ressentir un réel plaisir et une certaine fierté (toute chose égale par ailleurs) de « mener un projet vers la réussite ».

J’ai (enfin!) le contrôle de ce que je fais. Ou en tout cas, l’impression de contrôle ! Ce n’est pas une histoire de caprices ou de savoir qui décide, qui a le pouvoir, etc. C’est une question de responsabilité. Je suis la responsable de la réussite ou de l’échec de mon entreprise. Chacune de mes actions influence la trajectoire dans un sens ou dans l’autre. C’est épuisant, mais véritablement exaltant !

De plus, à l’ère des “bullshit jobs”, j’ai le sentiment d’avoir le luxe d’avoir un travail qui fait sens et qui me passionne. Car le but de l’entrepreneur va bien au-delà des activités quotidiennes d’une entreprise, il est au service d’une passion. Sans passion, un entrepreneur aura du mal à concrétiser son idée : la motivation lui manquera vite !

Entreprendre permet d’évoluer dans sa façon d’être, sa façon d’agir et de penser. En se remettant en cause grâce à une confrontation constante à la réalité, l’entrepreneur s’enrichit de jour en jour tant sur le plan personnel que professionnel : c’est ce qui me motive aussi dans cette aventure.

#3 Halte à la routine

Je lis parfois des articles sur “comment organiser sa journée quand on est indépendant”. Autant le dire : ces articles me dressent le poil. Parce que, comme je l’écrivais plus haut, les motivations, rythmes, impératifs, activités, etc. sont trop différents pour tenter de les réduire à des généralités. Mais aussi car je ne souhaite pas que l’on me dise de m’imposer une “journée type” ! Si tant est que cela soit possible, cela serait un comble : j’ai fui le  “métro / boulot / dodo”! J’ai certes des moments-clés qui structurent mes journées, mais je n’en fais pas des contraintes strictes!

Savoir être structuré et en même temps savoir prendre des risques, voilà deux des enjeux que l’on peut trouver compliqué à allier lorsque l’on se lance dans l’entrepreneuriat. C’est pourtant l’une des clés de la réussite. L’entrepreneuriat c’est l’opposé de la routine, c’est se lever, ne pas savoir de quoi la journée sera faite mais toujours agir dans l’optique d’atteindre un but précis. Et force est de constater que depuis que je travaille comme indépendante, plus que jamais, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. En quelques instants, je peux passer par tous les états. Je vais avoir le trac, puis me concentrer, je panique, je m’exalte, j’échoue, je gagne… je me projette, je recommence. Chaque nouvelle journée a sa dose de sensations fortes. Là aussi, c’est parfois épuisant… mais tellement satisfaisant !

Evoluer dans cet environnement hyper stimulant du matin au soir me permet de ne jamais me poser de question et de foncer, même quand il s’agit de traiter des sujets difficiles ou nouveaux.

Dans la même veine, les activités quotidiennes d’un entrepreneur sont trop variées pour s’ennuyer : tout à tour expert, commercial, comptable, … les tâches sont loin d’être répétitives !

Enfin, ma passion pour l’entrepreneuriat vient également de ma curiosité qui est largement satisfaite. Il faut s’adapter en continu, changer d’orientation, rebondir, apprendre en permanence afin de toujours progresser, en particulier sur le digital qui évolue très rapidement. Aucun autre travail ne m’avait permis cela.

#4 Les rencontres

J’ai toujours rencontré de nombreuses personnes quel que soit mon métier. Mais en tant qu’entrepreneure, il y a deux différences.

Tout d’abord, par mon métier de consultante digitale, je suis amenée à évoluer dans des secteurs très différents auprès de clients variés. C’est une source inépuisable de rencontres et de connaissance de métiers différents du mien, que je n’aurais peut être jamais touché du doigt par ailleurs.

Ensuite, j’ai fait le choix de fonctionner en “hub” : je constitue une équipe pour chaque mission. Aussi, je me suis constituée un réseau d’autres indépendants experts dans leur secteur respectif. Cela implique de ne jamais travailler avec les mêmes personnes et de pouvoir choisir ses collaborateurs (fini le collègue bruyant un peu relou de l’open space !).

Ma gestion de la solitude

On assimile souvent le travail indépendant à la solitude. A tort : je n’ai jamais autant fait de rencontres que depuis que j’ai créé ma boîte ! En effet, mon réseau doit être entretenu : je dois donc sortir pour rencontrer de potentiels collaborateurs et clients. De même, pour justement éviter la solitude qui peut peser sur les épaules d’un indépendant, j’ai choisi d’intégrer de multiples réseaux qui partagent les mêmes valeurs que celles qui m’animent (le corporate hacking, par exemple), d’aller à des networkings pour confronter mon activité au regard d’autres pros, de travailler de temps à autre dans un espace de coworking…

Quelles que soient les circonstances, j’ai pu faire des rencontres vraiment intéressantes !

Conclusion

Au final, je dirais que l’entrepreneuriat offre à chacun la chance de faire de sa vie ce qu’il décide et de s’affranchir de contraintes parfois absurdes.

Ce n’est pas un monde tout rose non plus, cela nécessite un investissement constant, c’est une situation fatigante physiquement et mentalement. Si vous n’êtes pas prêtes à consacrer plus de 35h par semaine à votre projet alors vous n’êtes peut être pas faites pour vous lancer dans une aventure qui nécessite un investissement de tous les instants. Tout ce temps passé à chercher à développer une activité, à vendre, à créer, à prendre des risques, c’est évidemment moins de temps pour vous : c’est un réel choix de vie.

A titre personnel, si je devais avoir un regret, cela serait de ne pas avoir osé me lancer plus tôt. Même si la charge de travail que ce statut engendre est plus importante et que les (moindres) revenus ne sont pas forcément sécurisés, le jeu en vaut la chandelle !

PS : Je n’ai pas parlé d’un point plus léger et anecdotique mais qui en dit malheureusement encore beaucoup sur le monde du travail. Depuis que je suis indépendante, je peux arborer fièrement ma crinière de licorne. Et ce, sans avoir à supporter le jugement des collègues. Quant à la réaction de mes clients lorsque je les rencontre “de visu” pour la première fois après une série d’échanges par téléphone ou mail, c’est toujours une petite satisfaction personnelle : ils me jugent sur mon expertise et, de fait, dépassent leurs éventuels préjugés sur les compétences d’une femme à la chevelure multicolore ! 🙂

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Merci Doriane pour ton témoignage ! C’est toujours intéressant de voir comment les autres appréhendent l’entreprise et le fait d’être indépendante. C’est une expérience loin d’être facile mais c’est effectivement une découverte à tous moments 🙂

PSST ! Si le témoignage de Doriane t’a intéressé, tu peux la retrouver sur le site de sa société, bien entendu, mais aussi sur ses réseaux sociaux (Twitter, Facebook et Instagram).

Tu es entrepreneuse et tu veux partager ton activité ? Contacte-nous !

Marièke